26 avril 2010

Elections britanniques : vos pronostics

J'ai sué sur mon dernier billet de blog, et je suis en train de m'exténuer sur le prochain, qui sera très "Twitterland", je vous préviens.

En attendant de vous donner ce nouvel os à ronger, j'ai décidé de vous faire cadeau d'une petite friandise, en vous donnant l'opportunité de partager ici votre pronostic sur les résultats des élections législatives britanniques du 6 mai . Bien entendu, vous pouvez trouver quelques indices dans mon billet précédent, mais également dans les sondages diffusés quotidiennement sur Twitter par Tweetminster, une petite boite qui monte, qui monte (et qui suit l'une des voies de l'info qui ont un bel avenir sur le web, si vous me demandez mon avis) . Pour vous assister, utilisez également la jolie petite calculatrice à sièges parlementaires fournie par la BBC. Elle montre bien que, comme le suffrage britannique est majoritaire,  il est très peu probable que les Libéraux Démocrates gagnent les élections même s'ils obtiennent la majorité des votes, parce que, contrairement aux électeurs Conservateurs et Travaillistes, leurs électeurs sont disséminés dans tout le pays plutôt que concentrés dans certaines parties.

Alors, victoire des Travaillistes, avec plus de la moitié des sièges au parlement ? Victoire des Conservateurs, avec plus de la moitié des sièges au parlement ? Ou ni l'une, ni l'autre, ce qui devrait mener à un gouvernement de coalition ?

Et s'il y a une coalition, à votre avis, quelle sera-t'elle ? Gordon Brown - et ses grands amis Travaillistes tout prêts à le remplacer illico si d'aventure il devrait être sacrifié sur l'autel de l'opinion publique - ont tendu la main à Nick Clegg . David Cameron, leader indisputé des Conservateurs, ne l'a pas encore fait : il espère encore convaincre les électeurs LibDem de voter pour lui .

Allez, mouillez-vous un peu: au moins ça nous fournira de quoi nous détendre après les élections, en comparant nos "wild guesses". Common !

Quel est MON pronostic, vous allez dire ? Ah, ah, pas si vite, mes lascars : vous l'aurez quand au moins dix d'entre vous m'auront donné le leur ...

A bon entendeur, salut !

Isabelle Otto

21 avril 2010

Elections britanniques : c'est du vécu, mon coco !


Cela fait dix ans que je vis à Londres et, comme nombre d'immigrés, j'ai souvent le sentiment que la politique locale, régionale et nationale m'intéresse plus que ceux qui peuvent voter ... Cela dit, je n'aii jamais eu l'intention de faire la demande d'un passeport britannique afin d'avoir mon mot à dire . Faut pas exagérer ! Ma vision des futures élections législatives du 6 mai 2010 est donc nécessairement celle d'une "outsider" qui s'assume . Si vous voulez des commentaires vus de l'intérieur, je vous renvois à l'excellente couverture de la BBC, The Independent ou encore The Guardian . Si vous ne lisez pas l'anglais, allez donc voir les articles de Nicolas Madelaine dans Les Echos, ou ceux de Virginie Malingre dans Le Monde .

Je ne vous prendrai pas la tête avec un billet sur le système électoral britannique ou l'histoire de la monarchie constitutionnelle . Pour cela, les articles de Wikipedia sur le Royaume-Uni et son système politique et électoral sont déjà là .

Perspective d'un parlement suspendu .
Sachez seulement que la reine devra choisir comme premier ministre le leader du parti ayant gagné les élections législatives. Or, "le parti ayant gagné les élections" est habituellement celui qui a la majorité absolue des membres de la chambre basse du Parlement . Cet exercice risque d'être compliqué cette fois, puisque pour la première fois depuis presque quarante ans, il y a un risque réel de "hung parliament" , c'est-à-dire d'un parlement ou aucun des partis n'a la majorité absolue et où il faut former une coalition, exercice auxquel les politiciens britanniques ne sont pas habitués (sur ce sujet, un excellent article, en anglais, vient d'être publié par l'Institute for Government). Cette situation exceptionnelle est due à la montée impressionnante en popularité du parti Libéral Démocrate ("LibDem"), qui était perçu comme un petit ouistiti jusqu'il y a peu , coincé entre les deux mastondondes historiques que sont le Parti Travailliste et les Conservateurs ("Tories") . Inutile de dire que vous êtes devant l'une des élections les plus passionnantes qu'ait connu ce pays depuis une quarantaine d'années .

Le débat télévisé qui a changé la donne .
Une autre nouveauté, que nombre d'entre vous auront suivie avec ma "live-tweet" du 15 avril, aura été le débat télévisé entre leaders des trois principaux partis . David Cameron, leader des Tories, et Gordon Brown, premier ministre Labour, ont probablement pensé qu'ils pourraient reprendre du gallon auprès des électeurs, en utilisant le p'tit Nick Clegg, leader des LibDem, comme contre-exemple à leur talent merveilleusement soutenu par les (hem, hem) usual suspects . Bon ben, ils se sont plantés . Et votre servante est la première à en être étonnée, je vous assure . Pourtant, comme l'a dit Virginie Malingre dans Le Monde (20 avril 2010), certains avaient vu le danger pour David Cameron de discuter d'égal à égal avec Nick Clegg, et lui avaient enjoint de refuser l'exercice du débat à trois en faveur d'un face-à-face avec Gordon Brown . Mais au Royaume-Uni, on a l'habitude de sous-estimer les outsiders, que l'on laisse exister, certes, en leur faisant croire que c'est par charité, pendant qu'on leur pompe leur boulot et leur talent : et ça, c'est du vécu, mon coco .

Je dois dire que je n'avais pas percu la soif des Britanniques d'un changement, ni leur envie légitime de faire entrer de l'air dans le cloaque de la vieille politique . Il est vrai que le scandale des notes de frais des parlementaires, qui a défrayé la chronique en 2009, avait dégouté une grande partie de l'opinion, et avait touché beaucoup moins les LibDems que les deux partis traditionnels .

Mais tout n'est pas tout rose non plus . Pour ma part, je l'avoue, j'ai été plutot décue par le manque de qualité des arguments des candidats lors du débat télévisé, et je trouve la campagne électorale très "bateau" et coincée . Lors du débat, Nick Clegg a été, et de loin, le plus convaincu et le plus convaincant, mais, sacrebleu, il y a encore du boulot à faire dans ce pays pour parler des sujets qui fâchent avec franchise et sans manipulations outrecuidantes . Avant que vous me disiez que c'est comme en France, ou en Belgique, je développe sur deux sujets :
 

L'immigration .
Les trois partis principaux sont tous d'accord : oh, ces vilains immigrés qui veulent nous sucer le sang doivent se tenir à carreau; nous allons limiter le nombre de ceux qui peuvent rentrer et faire sortir ceux qui doivent sortir . Oui, d'accord, c'est vrai qu'il faut des contrôles aux frontières et une véritable politique de l'immigration . Mais conforter l'opinion publique dans la croyance que les étrangers prennent systématiquement du travail aux Britanniques... tss, tss, voyons, c'est très vilain.

Les étrangers en question, et surtout les Polonais tant vilipendés, font très souvent des choses que les Anglais ne veulent ou ne sont pas capables pas faire, et dont le pays a un besoin vital . Nombreux sont ceux qui paient des impôts . Ils ont ouvert des magasins spécialisés qui font florès . Ils ont permis de redévelopper des zones de Londres qui étaient craignos . Nombre d'entre eux se marient et ont des enfants avant d'avoir trente ans, et se comportent moins comme des enfoirés que les jeunes locaux qui vont se bourrer la gueule dans les pubs jusqu'à perdre la raison (l'alcoolisme des jeunes britanniques est un problème sérieux auquel je consacrerai un futur billet) . 

Quand tout le pays a espéré travailler dans la City ou être "designer" et rêvé d'acheter une maison en France ou en Espagne, on était bien contents qu'ils arrivent pour ramasser les poubelles . Maintenant, les années folles sont terminées ... les Polonais sont en train de rentrer chez eux . Et ceux qui ne l'ont pas encore fait en rêvent . Alors, les lithanies sur ces étrangers qui piquent le boulot des locaux, c'est bof .

Le système de sécurité sociale .
Un sujet traité pauvrement par les programmes électoraux, et qui me tient particulièrement à coeur, est l'amélioration du National Health Service (NHS), l'équivalent de la Sécu francaise . A entendre les candidats, il n'y a que des détails à régler sur ce dossier : voui, il y a bien des p'tits trucs à faire ici et là, mais dans l'ensemble, le NHS représente les valeurs britanniques de "justice sociale" et de "fairness" (manifeste du Parti Travailliste, et presqu'identique dans le manifeste des LibDems) .

Certains des problèmes mentionnés par les manifestes sont de taille, et en particulier celui de l'accès à certains médicaments destinés à prolonger la vie de certains cancéreux, qui n'est pas garanti par la loi . Loin de moi la pensée qu'il faut éluder le débat sur ce sujet. Mais, voyons, il faut aussi regarder la "big picture". Je l'ai vu et je l'ai vécu : hopitaux sales, traitement dégradant des patients, renvoi des mères et de leurs nouveaux-nés à la maison 12 heures après l'accouchement, inspection des hopitaux mal organisée et mal gérée, médecins généralistes qui recoivent d'un côté des ponts d'or de NHS pour des patients auxquels ils consacrent deux minutes chrono, et qui ont d'autre part leur propre cabinet privé . De tout cela, très peu est mentionné dans les manifestes des partis . Non mais quoi ? Ce monstre coûte les yeux de la tête et a besoin, au moins, d'un bon nettoyage à l'eau de Javel . Vous l'avez compris, je vous servirai quelques billets futurs sur ce sujet, trop grave pour être délaissé .





D'ici au 6 mai ?

Il reste 15 jours avant les élections , et les partis ont encore des cartes à jouer . Gordon Brown a clairement invité les LibDems à former une alliance anti-conservateurs dans une interview publiée dans le Guardian du 21 avril . Les électeurs LibDem, qui savent que même s'ils sont en tête des sondages ils sont trop dispersés pour avoir suffisamment de sièges au Parlement, seraient d'ailleurs en majorité favorables à une telle alliance . Nick Clegg va probablement "attendre et voir" jusqu'au 6 mai . Si je devais parier, là maintenant ? S'il n'y avait que des Londoniens en Angleterre, Cameron gagnerait . A Londres, on aime les leaders forts . Mais il n'y a pas que des Londoniens au Royaume-Uni ...

Isabelle Otto


19 avril 2010

Une petite intro avant de commencer le débouchage

Il était une fois une Belge aux origines diverses qui voulait connaître le monde . Elle avait commencé à étudier le droit en France dans l'idée d'entrer dans une école de journalisme . Puis, dégoutée par la couverture médiatique de la première guerre du Golfe, elle s'est ravisée et est devenue spécialiste en droit européen . La crétine ! Elle n'avait pas supporté la monétisation de la peur par une certaine chaîne de télé américaine basée à Atlanta, et la surenchère par les autres médias, y compris la presse écrite quotidienne, qui craignaient de se faire piquer leur audience . Mais tout ca c'est de l'histoire antique .



Le web 2.0 est arrivé ! Nombre de journalistes et commentateurs y voient la fin d'un monde merveilleux . Pour moi, cet outil donne enfin la possibilité d'assainir les folies "mass-media" de ces vingt dernières années, qui ont mis de nombreux journalistes dans une boîte dans laquelle ils étouffent à juste titre, et où nous étouffons avec eux .
 
Est-ce un hasard que ce soit un journaliste qui m'ait suggéré de faire un blog ? Je vais méditer sur cette question encore quelque temps avant d'y répondre... mais il est très clair que la blogosphère contribue à déboucher, parfois brillamment et parfois moins, les arrivées d'air qui avaient été fermées par des pontes qui ont traité l'info comme un produit lambda . Or je suis convaincue que, si l'info est bel et bien - et heureusement ! - commercialisable, elle est d'une nature plus proche de la médecine que la vente de marchandises . Oubliez l'éthique et le sens du service, et les portes que vous avez ouvertes vous reviendront dans la gueule . Et toc .

Je vais tenter de contribuer au débouchage de l'info : sur la qualité de cet exercice, votre verdict sera le mien .

Maintenant, il ne me reste plus qu'à dégoter un premier sujet . Vu le succès de ma "live-tweet" de jeudi dernier en français sur le débat télévisé entre Nick Clegg, David Cameron et Gordon Brown, mon premier billet portera sans doute sur les élections législatives britanniques du 6 mai 2010 . Là, vous m'avez épatée par votre curiosité !   

A bientôt, donc .

Isabelle Otto