28 mai 2010

Florence Desruol : Gouroute des Twitterholiques Anonymes ?

Ma spécialité, c’est plutot de mâcher des bouts de papier très lourds et peu ragoûtants et d’essayer d’en sortir des informations digestes pour ceux qui veulent bien (ou parfois, sont bien obligés de) me lire ou m’écouter. Alors, pourquoi ai-je eu l’idée saugrenue, oui, je me le demande, de faire une chose dont je ne sais rien : faire une interview ?

Concours de pipelettes ?

Interviewer, ca veut dire LAISSER PARLER quelqu’un d’autre, ce qui n’est pas évident quand on est une pipelette comme moi. Mais, il y a des gens qui quand ils parlent, et bien, je les écoute. Et Florence Desruol est top of the list. Car Florence, qui passe une grande partie de son temps à tweeter, a en fait une passion pour PARLER. Elle parle, de tout, de rien, et est aussi généreuse In Real Life ("dans la vraie vie") que dans ses tweets. Elle aime aider et donner. Elle distribue l’info comme une pluie rafraîchissante.

Ça fait qu’au total, et bien, au concours de pipelettes, je ne sais pas laquelle des deux bat l’autre ! Mais on peut dire sans trop se risquer que nos opérateurs téléphoniques respectifs sont contents, oui, très contents que @FlorenceDesruol et @IsabelleOtto papotent malgré la Manche qui les sépare et sont sorties du carcan des 140 caractères imposés par Twitter.

Je ne vais pas vous faire un long portrait de Florence. Vous savez probablement déjà qu’elle est incontournable sur Twitter France, comme le dit bien William Rejault ici. D’ailleurs, même si vous ne la followez pas, vous avez nécessairement sur votre Time Line (TL) des tweets en provenance directe des recoins secrets d’où elle tire ses informations à la sauce geekette, lol, féline ou complètement rocambolesque, en fonction de son humeur.

Une petite précision à mon tweetpote lyonnais, @idiot_duvillage, avant de commencer: Florence est bien lyonnaise et non pas arlésienne ! Pour le reste, je laisserai Florence peindre son propre portrait en utilisant la toile de mes questions .

I.O. Alors, tu existes vraiment ? (je te demande cela, parce qu'il paraît que certains ont suggéré que tu étais en fait un collectif de tweeteurs - il y a des théories similaires au sujet de Shakespeare: tu es en bonne compagnie, quoi ;-)
F.D. Oui bien sûr tu sais que j’existe! Je peux aussi confirmer que je suis seule à gérer le compte @Florencedesruol, que je ne suis PAS payée pour tweeter et que je ne paie personne pour le faire non plus. Quelques esprits chagrins dont je tairai le nom (bien que ca me gratte vachement de les balancer) ont dit le contraire, et je suis heureuse de pouvoir éclaircir cette affaire.

I.O. Si je mettais un p'tit fond musical pour les joyeux lurons qui vont lire ton itw sur mon blog, tu choisirais quoi?
F.D. J'aime bien les classiques des années 60/70 comme, par exemple, les Rolling Stones et David Bowie, mais aussi Iggy Pop, Led Zeppelin et plein d'autres. J’aime aussi les artistes indépendants d'aujourd'hui comme Robert Pollar, The Teenagers, The New Pornographers, Arcade Fire, the Besnard Lakes, Caribou, the Antlers, Animal Collective, Black Keys, etc. En revanche, j'ai beaucoup de mal avec MGMT et Vampire Week-End; je les trouve surfaits, quasi folkloriques.

Et puis, je joue du piano donc j’aime aussi la musique classique.

I.O. Super, alors, je te choisis deux morceaux qui vont bien ensemble, à mon avis: « Life on Mars ? » de David Bowie et le deuxième mouvement du deuxième concerto pour piano de Rachmaninoff :






I.O. Facebook, Twitter, blabla : c'est tout des trucs pour les "no-life", non?
F.D. Pas d’accord ! Si on sait les utiliser sans excès et en tirer le côté positif, c’est le contraire de la no-life (« vie fantôme »). Cela dit, ça fait longtemps que j'aurais effacé mon compte Facebook, s'il ne rassemblait pas quelques copains d’ « avant » : ceux qui étaient avec moi à l’école et pendant mes études, ceux que j’ai rencontrés lors de voyages ou au boulot. Ce sont en général des gens que je ne vois pas souvent mais que j'apprécie. Facebook m'a permis de les retrouver et de rester en contact avec eux. Sur ce compte, j’ai aussi accepté quelques twittos auquels je fais confiance, mais je t’avoue que depuis j'en ai viré quelques-uns par déception. Mon réseau professionel, tout comme ma famille et mes proches, ne sont pas sur mon Facebook.

Twitter, c'est un outil intelligent, un flux d'info. Ça me permet surtout de discuter directement avec des journalistes, des politiques, des publicitaires, des étrangers ou des expats comme toi, de m'enrichir de ces rencontres url mais aussi IRL, et des infos que j'y rassemble. C'est aussi mon seul outil d'expresion sur Internet, je n'en utilise pas d'autre: je n'ai pas de blog et je ne mets jamais de commentaires sous les billets des autres ou sous les articles des journaux.

I.O. Comment es-tu arrivée sur Twitter ? (Moi j’y suis arrivée par la musique; un des premiers comptes que j’ai suivis était celui de Luc Vinogradoff, critique musical au Monde)
F.D. Au début, j'y suis allée pour rejoindre deux amis américains qui m’ont presque forcée... C’était LE truc à faire aux Etats-Unis à ce moment là ! Puis j’y ai entrainé @cyrilpaglino et @toniohhoguel. Au départ, on ne savait pas trop ce qu'on faisait là. Je suis arrivée au moment où Twitter se démocratisait un peu. J’ai eu cette chance. J'ai commencé par suivre @HenryMichel et sa liste de recommandations. Je tweetais essentiellement sur secretstory3, et sur l’actualité,  les buzz de l'automne dernier (le fils de Sarko à l'EPAD, Frédéric Mitterand et ses voyages en Thailande...), puis j'ai cherché à faire différent en allant lire les billets anglo-saxons.

J'ai été vite associée à @xternisien et @ZaraA. J'ai aussi discuté pas mal avec @JCFeraud, @GillesKLEIN  et d'autres comme @rosselin, @Delphine_D, @nicolasvoisin, @Maxitendance et @PierreTran. J'en ai d'ailleurs rencontré pas mal IRL, et je me suis vite aperçue qu'on se connaissait assez bien: j'ai retrouvé en eux ce que je percevais sur Twitter.

I.O. Colle ici une photo de l'endroit que tu aimes le plus au monde:
F.D. C'est une photo que j'ai postée sur Twitter un joli dimanche de mai:



C'est là mon havre de paix. J'aime aussi beaucoup la côte d'Azur, où j'ai passé toutes mes vacances d'enfance, à Cannes et à Nice. Puis je suis une fan des USA !

I.O. « investir de l’affectif dans des gens qu’on a jamais vus n’est pas porteur » : un concept qui a de l'avenir?
F.D. Même si je le voulais, je pense que je ne réussirais pas à ne pas mettre un peu d'affectif dans Twitter, après tout, il y a de vraies personnes derrière les avatars, il y a des gens que j'aime vraiment retrouver sur ma TL le matin. S'ils ne sont pas là, ils me manquent. Cela dit, il faut faire attention, comme dans la vie d'ailleurs, parce qu'il y a aussi beaucoup de déceptions potentielles au tournant.

I.O. Tu kiffes plus Indiana Jones ou Robin Des Bois ?
F.D. Hihi, je n'aime pas trop les heros, tu sais. J'aime admirer les gens qui ne se rendent pas compte à quel point ils sont bons à faire certaines choses, ou ceux qui s'améliorent avec le temps. D'ailleurs, dans mon adolescence, je n'avais pas de posters de chanteurs ou d'acteurs sur les murs de ma chambre! Pour moi, le charme compte beaucoup, ainsi que la sensibilité et la bienveillance, la générosité et l'humour.

I.O. Pour ton anniversaire: pique-nique au champagne ou bungee jumping?
F.D. Bungee ?? C'est quoi ? Je suis très champagne et pas du tout camping. Voilà .
I.O. Ah Ah ! Camping ? C'est quoi ?

I.O. La télé, tu la regardes encore ou tu la mets juste pour ton chat?
F.D. Pour mon chat, comment l'as-tu deviné? Je devrais sans doute la regarder plus, mais si je le faisais, je ne regarderais pas de films: je préfère les talk-shows, les débats, les vrais trucs, quoi. J'aime bien la Ligne Jaune de @guybirenbaum sur Arrêt Sur Images, donc sur... Internet !! Eh oui, que veux-tu? Internet c'est trop bien . D'ailleurs, Parlons Net de @DavidAbiker est super aussi .

I.O. Pourquoi t'es pas allée vivre à Paris comme tout le monde? A cause des crottes de chien?
F.D. Mais non, voyons ! Paris, j'y ai vecu pendant sept ans et j'adore !!

I.O. Les femmes sur le web 2.0: des mouches ou des araignées?
F.D. Elles ne tissent pas leur toile ensemble, elles sont dispersées, pas comme les mecs qui font leur petites confréries sérieuses ou rigolotes, ou les deux en même temps, en fonction. Puis je trouve qu'en moyenne, on ne les prend pas au sérieux: il y a beaucoup de sexisme, comme dans la vraie vie. J'en ai d'ailleurs moi-même fait les frais.

I.O. Beaucoup de followers: un poids ou une émancipation?
F.D. Ça fait très plaisir, je ne vais pas te dire le contraire, mais c'est aussi une responsabilité. On me dit que c'est la rançon de la gloire. Mais je ne suis pas d'accord, parce que je ne suis pas vraiment une star de Twitter: personne ne me retweete aveuglément, je n'ai pas de "fan club". Je ne vois pas trop ou est la gloire, quoi...

Je me fais aussi attaquer, une autre des rançons de la gloire on me dit, comme si le nombre d'attaques augmentait nécessairement avec le nombre de followers. Mais je remarque souvent que les hommes qui ont un profil élévé ou les femmes journalistes ne sont pas attaquées de la sorte. En France, Twitter a été une sorte de chasse gardée des journalistes pendant longtemps, et les non-journalistes comme toi et moi qui font tourner l'info, j'ai l'impression que ça en énerve certains, comme si on leur faisait de la concurrence déloyale.

I.O. Je suis spécialiste de droit de la concurrence, et je peux te confirmer qu'il ne s'agit pas de concurrence déloyale. Au contraire: une injection saine d'idées nouvelles aide tout le système, comme nombre de journalistes le reconnaissent, d'ailleurs.

F.D. Je note également que dans la catégorie "fille qui tweete", celles qui sont clairement là pour y trouver un/des mecs ne sont pas trop attaquées non plus... ;) 

Enfin, beaucoup de followers, ça réduit nécessairement les échanges humains, mais il faut dire que je me rattrappe bien par Messages Privés, ou au téléphone si affinités. Comme tu le sais, j'adore parler au téléphone !

I.O. C'est quand que tu viens me rendre visite à Londres?
F.D. Soon very soon. Et toi?




Bon ben voilà, une belle interview, qui m’a gagné une jolie invitation pour aller boire du champagne à Lyon. Merci, Florence ! Ici Londres, à vous les studios.

A bientôt !


Isabelle Otto


18 mai 2010

Google peut-il sauver le journalisme ?



Allez, avouez que le titre de ce billet vous fait frémir. Non mais quoi, Google nous rentre déjà par tous les pores de la peau, et en plus - quel culot - le moteur de recherche tout-puissant serait le messie rédempteur de la presse ? C'est vrai que j'ai moi-même ressenti un brin d'irritation en lisant le titre de l'article très fouillé "How To Save The Press" (James Fallows, The Atlantic, juin 2010) qui, de manière d'ailleurs énervante, ne mentionne même pas Google dans son titre .

Nous sommes, après tout, habitués à lire le contraire: Google est en train d'étouffer la presse et en tirera jusqu'au dernier souffle de vie. Une fois cette opération réussie, je schématise, l'info serait une purée uniforme régurgitée par autant de clônes photoshopés sans conscience, des espèces d'anti-Hunter S. Thomson terrifiants de naïveté et d'égoïsme, manquant d'imagination au point de se laisser avaler totalement par la machine à fric esclavagiste. Brrr, ca fait peur, non ?

Malgré mon dégoût initial, j'ai décidé de lire attentivement l'article de Fallows. Une fois correctement saucissonné, il se divise facilement en deux parties : d'une part le constat de Google sur l'état de la presse, et de l'autre, les solutions proposées .

Le constat de Google sur l'état de la presse

Pas d'avenir économique pour la presse écrite. Hal Varian, le "Chief Economist" de Google, dit ceci du modèle économique sur lequel fonctionne la presse écrite: "Si on faisait table rase et qu'on recommencait, on ne choisirait jamais le modèle actuel. Faire pousser des arbres, en faire de la pâte à papier, puis expédier les rouleaux du Canada? Faire passer les rouleaux dans des rotatives qui coûtent les yeux de la tête, les couper en tranches qui doivent être distribuées illico à des milliers de gens, kiosques, boutiques, ou les surplus du jour précédent deviennent immédiatement obsolètes et doivent être jetés? Qui dirait que ça a le moindre sens?" J'ajouterai, à titre personnel: faire travailler des enfants très tôt le matin, avant l'école, pour assurer cette distribution ? Les Francais qui se plaignent de ne pouvoir avoir leur journal dans leur boite-aux-lettres avant sept heures du matin n'ont jamais vu ces enfants, le plus souvent élèves à l'école primaire, distribuer porte-à-porte parfois à partir de cinq heures du matin. Moi, oui, et je trouve ca dégueu : d'ailleurs, j'achète plein de journaux mais je n'ai pas d'abonnement .


Val Harian ajoute un élément dont je ne me rendais pas complètement compte: à cause, notamment, de ces coûts énormes d'imprimerie, la plupart des journaux dépensent seulement 15% de leur revenu sur ce qui est leur seul véritable actif de valeur: les journalistes . Comme contre-exemple, il cite le Wall Street Journal et le New York Times, qui dépensent plus pour leurs journalistes que pour les frais d'imprimerie et de distribution. Mais ils constituent une exception.

Ajoutez à cela la révolution Internet  et la baisse des revenus publicitaires de la presse écrite de ces deux dernières années, et vous avez la réponse Google: il ne s'agit pas nécessairement pour les éditeurs de laisser tomber la presse écrite, mais elle ne fera probablement pas partie du futur modèle économique des journaux. Il s'agirait (et ce sont mes mots pas ceux de Google) d'un poids mort dont il faudrait faire en sorte qu'il ne pèse pas trop sur les finances.

Des problèmes pour lequels la presse ne devrait pas se battre le flanc. La vision de Google de la cause des problèmes n'est pas condescendante: les medias traditionnels ne sont pas une arrière-garde obsolète, et les journalistes ne sont pas un tas de losers antédiluviens pathétiques. Comme Fallows l'écrit, la perception prépondérante chez les cadres de Google est que "ce qui arrive à la presse est dû à d'énormes changements technologiques, et non à la myoperie ou à la vision réactionnaire des éditeurs, rédacteurs et propriétaires de journaux ."

La solution est à chercher online. Pas très étonnant et pas trop neuf non plus, les pontes de Google disent à la presse de favoriser l'expérimentation d'une solution sur la partie en ligne de leurs affaires, qui est d'après eux la seule qui sera, à terme, économiquement soutenable. Mais ils admettent que les prochaines années n'auront rien de simple .

Entre deux feux. Les journaux sont maintenant entre deux feux: (1) le coût énorme de la machine ancienne dont ils ne peuvent pas encore se débarrasser et (2) l'expérimentation onéreuse en ligne, qui rapporte des revenus publicitaires et en abonnements encore frugaux par rapport aux temps les meilleurs de la presse écrite. Dans le marché actuel, par exemple, les coûts administratifs pour placer une pub en ligne peuvent atteindre jusqu'à 30% de la valeur de la pub, contre seulement 2 ou 3% dans la presse écrite .

Trop d'uniformité? Krishna Bharat, qui est le cerveau derrière le tentaculaire "Google News", considère que l'un des autres problèmes majeurs de la presse, surtout en ligne, est la production de contenus trop uniformes. D'après lui, les journaux se jèteraient tous sur les mêmes nouvelles, traiteraient l'information de manière similaire et pousseraient leurs journalistes dans une logique de production acharnée d'articles fades et sans valeur ajoutée. Je ne peux pas dire que je ne perçois pas la même tendance, et nombre d'entre vous savent à quel point j'aimerais pouvoir dire le contraire...

Il y a une solution. Eric Schmidt ajoute qu'il a énormément d'espoir pour la presse, tout simplement parce que le problème ne se situe pas dans la baisse de la demande d'information, au contraire. La demande est là et c'est ce qui compte. Selon lui, il suffit de trouver un "business model" pour rentabiliser les "globes oculaires", c'est-à-dire le nombre de personnes qui lisent tel ou tel article. En résumé, pour Google, il n'y a pas le moindre doute que d'ici dix ans, la presse sera robuste et mieux financée. Ce qui arrivera l'année prochaine est moins clair. Leur conseil à cet égard: expérimenter, expérimenter et expérimenter de nouvelles solutions en ligne .


Les solutions proposées n'impliquent pas Superman


Les solutions proposées par les cadres de Google - telles que présentées dans l'article de Fallows - n'impliqueraient en rien le remplacement de nos bons vieux journalistes terriens par des petits supermans Kriptoniens cachant des justaucorps en spandex derrière des allures de reporters myopes. Non, rien d'aussi spectaculaire. Les journalistes pourraient garder leur âme, considérée comme la clé de voûte du système, ou les fondations. Comme un truc vachement important pour tenir la barraque ensemble, en tout cas. Ouf .

Essayer tous azimuts

En bref, l'esprit de Google est en premier lieu, de croire qu'il y a une solution, ou plusieurs, et d'essayer, tout ce qui pourrait être une solution. Car, "rien ne marchera sûrement mais tout pourrait peut-être marcher" (Clay Shirky, Newspapers and Thinking The Unthinkable, 2009). 

Oui, vous avez bien lu: il faudrait E-SSA-YER, oui, essayer tout et son contraire, essayer pour vérifier ce qui marche et ce qui ne marche pas. Trève de blablas improductifs: il s'agit d'agir. Dans tous les sens. Maintenant. Hier. Allez, zou! Le problème que perçoit Google avec cela (là c'est moi qui schématise) c'est que les éditeurs et journalistes sont plus habitués à développer des idées qu'à se lancer à corps perdu dans de nouveaux plans d'affaires risqués... Meuh non ! Il faut juste les aider un peu et leur donner des raisons d'espérer, moi je dis !

Mais attention, ils restent très modestes, les petits gars de Google. Ils ne veulent pas se faire mordre, vous savez. Prenez par exemple Nikesh Arora, president des opérations globales de vente. Il admet que Google ne connaît pas aussi bien les journaux que les journaux se connaissent eux-mêmes, et qu'il est en conséquence improbable que Google puisse résoudre les problèmes de la presse mieux que les spécialistes du secteur .

(là c'est le point dans l'écriture où j'éprouve une tentation quasi-irresistible de vous dire d'aller lire l'article vous-mêmes...mais je tiens bon! Argh) .

Distribution, engagement, monétisation.

Vous avez déjà entendu l'adage "Distribution, Engagement, Monétisation" (D.E.M.) mille fois. Il vous lasse et vous fait bailler. Pire, il vous rappelle la fac. Qu'à cela ne tienne: le voici à la sauce Google. C'est pour votre bien.

 
Distribution: trouver des moyens d'attirer plus de lecteurs sur les sites d'information sans qu'ils s'aperçoivent trop que c'est juste pour avoir du flux à montrer aux publicitaires .
Engagement: rendre l'information plus intéressante, et engager le lecteur sans qu'il se rende trop compte qu'à terme, c'est pour lui soutirer son argent . Ça c'est la partie que les gestionaires de journaux ont vraiment du mal à cerner. Oui, là-dessus, je l'avoue, je suis plutôt bien d'accord avec Google. Y a encore du boulot à faire...
Monétisation: convertir tout ce boulot de subjugation du lecteur en cash bien mérité. Pour cela, il faudrait améliorer grandement la pertinence, la qualité et la rentabilisation des pubs en ligne et mettre en place des sytèmes d'abonnements pas trop lourds pour les journaux qui souhaitent charger pour leur contenu .


Bah, moi je dis, "Oui à D.E.M !". Je veux bien payer ou être utilisée pour attirer des publicitaires. Mais, attention, seulement si c'est pour rémunérer des journalistes qui font du boulot de qualité, qui ne sont pas des clônes lyophilisés par la logique du flux (à ce sujet, voir le billet-plaidoyer de Jean-Christophe Féraud, I wanna be a Gonzo Journaliste, mars 2010),  et qui me laissent faire un petit commentaire laminatoire de temps en temps sans me traiter avec condescendance. 


Mais : je n'ai pas envie de prendre un abonnement par ci, et un abonnement par là, et je ne veux pas non plus être pieds et poings liés à un seul journal. Au kiosque, je peux changer de journal tous les jours, non mais quoi! Une solution à cela? Je ne l'ai pas trouvée dans l'article, mais évidemment, les choses intéressantes, les agents de Google vont les garder pour eux-mêmes, pour les développer en secret et être les premiers à en tirer du cash quand le moment viendra...


En attendant, journaleux, prenez l'espoir que nous donne Google dans le journalisme: "LOOK UP" !


Isabelle Otto


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13 mai 2010

La coalition Tory/LibDem ? Ils n'avaient pas trop le choix, vous savez...

Ils se ressemblent, ils ont presque le même age, ils ont le même genre de "background" . Ils sont beaux, ensemble, non ? J'ai nommé, le nouveau Premier Ministre britannique, David Cameron et son "Deputy Prime Minister", Nick Clegg . Quelles choses horribles se sont-ils dit pour en arriver à former un gouvernement de coalition ? Quels deals faustiens secrets se sont-ils engagés à respecter sans aucune intention de le faire ? Eh, si j'avais été une petite souris, je le saurais peut-etre, mais je n'aurais pu vous en informer . Quoique... il y a des jours ou le clavier de mon BlackBerry me semble plus adapté à des pattes de souris qu'à mes gros doigts maladroits . Est-il juste qu'ils aient formé une coalition ? Oui . L'avenir sera-t'il serein ? Non .

Une coalition difficile mais nécessaire

Pour ceux qui ont lu mon billet précédent, vous saurez que la formation d'un gouvernement de coalition entre les Conservateurs de David Cameron et les Libéraux Démocrates menés par Nick Clegg me semblait être la meilleure solution en l'occurrence . Il est intéressant que certains d'entre vous en ont déduit que je favorisais politiquement Cameron, car il n'en est rien . Mon analyse était celle d'une démocrate convaincue : les Conservateurs ont obtenu le plus de sièges et de voix , ils doivent donc gérer le pays . Ils n'ont pas assez de sièges pour faire passer des lois à la Chambre des Communes ? Il leur fallait donc former une coalition, de préférence forte . La démocrate convaincue sera là aussi pour critiquer les mesures prises et les petites lachetés émaillant la route... Il s'agit de garder les yeux ouverts, toujours .

Un gouvernement minoritaire trop risqué

L'alternative était pour David Cameron de former un gouvernement minoritaire, composé seulement de Tories, et de conclure des accords avec tel ou tel parti ou groupe de députés au cas-par-cas afin d'obtenir l'adoption de lois . Une telle solution n'aurait pas été viable à long terme, et supposait l'organisation de nouvelles élections législatives plus tard cette l'année . Mais, comme je vous l'avais dit, cette option n'était viable que si les Tories avaient une bonne chance de vaincre haut la main à ce nouveau scrutin . Ils ont évidemment fait leurs calculs, et ont sagement conclu qu'il ne s'agissait par là d'une opération les doigts dans le nez .

Tories et LibDem : la chèvre et le chou ?

Il est assez douloureux pour moi de voir la presse britannique se moquer de politiciens prêts à faire des compromis afin de former une coalition . Le compromis n'est pas considéré comme une force, ici : c'est un stigmate de la faiblesse , et non une méthode pour aller de l'avant en rassemblant et en synthétisant le plus d'opinions possibles . Eh oui, c'est bien pratique d'avoir un Premier Ministre avec un gouvernement uniforme et qui a la garantie, pendant cinq ans, que la Chambre des Communes dans laquelle son parti a la majorité absolue va adopter absolument n'importe quoi, ou presque . Démocratie intermittente : chaque cinq ans . Le reste du temps : force de frappe et aucun "checks and balances" . Tu parles d'une méthode pour aller droit dans le mur ...

Bien entendu, avec un tel héritage, les politiciens britanniques ne sont en général pas habitués à construire ensemble une vision transcendante - "cross-party" - de la société . Ils sont ou meneurs ou menés . Et c'est là que le bât blessera peut-etre . Mais Cameron et Clegg sont tous deux assez jeunes et frais pour aller de l'avant sans regrets du "bon vieux temps", et pour avaler leur orgueil quand il le faut . D'ailleurs, le pays le leur demande : le résultat du scrutin était clair .

Ils ne sont pas d'accord sur nombre de sujets ? Qu'à cela ne tienne ! La priorité absolue de Nick Clegg sera -et c'est juste- d'obtenir la réforme du scrutin pour introduire de la proportionelle là ou il n'y en a pas du tout . Pour le reste, les choses à faire sont les choses à faire : réduire le déficit rocambolesque étant la plus importante . Ils diffèrent sur l'immigration ? Pfff, l'immigration n'est plus vraiment un sujet, maintenant : il y a beaucoup moins d'étrangers qui se bousculent au portillon qu'il y a quelques années . Et ils le savent . C'était de la pourdre aux yeux électorale .


Vous avez dit Deputy Prime Minister ?

Nick Clegg est donc Deputy Prime Minister, c'est-à-dire une espèce d'OVNI politique . L'article de Wikipedia sur ce sujet (qui est déjà à jour : bravo Wiki!) nous dit d'ailleurs qu'il s'agit nornalement d'une position honorifique . Mais peut être pas . Comment Clegg va-t'il remplir cette fonction un peu vidasse ? Vous le saurez en suivant le prochain épisode .


Je précise tout de même que je vais abandonner la politique britannique pour quelque temps, pour m'intéresser de près au financement de la presse et écrire quelques billets dignes d'une membre de Twitterholics Anonymous . Laminera, laminera pas ? Voyons voir ...


A bientôt, donc .
 Isabelle Otto







11 mai 2010

Twitpicage de la City - 27 avril 2010

Bon, je ne kiffe pas trop la City, mais parfois j'y vais, et force est de constater qu'elle devient de plus en plus belle . Quand j'y étais allée le 27 avril, j'avais fait un petit twitpicage de ma visite . Pour les Terriens non-Twittériens, un twitpicage est l'envoi de photos par Twitter en utilisant le logiciel Twitpic.

Voici les images que j'avais envoyées, et quelques extras :

Les jolis pubs de Leadenhall Market :



Prise de vue inhabituelle de la Natwest Tower:



On ne peut pas dire que les rues autour du Gherkin...


...soient trop féminisées, huh ?



Le but de ma visite : rendez-vous et apéro dans ce bâtiment iconique : 30 St Mary Axe, que tout le monde appelle le Gherkin. Comme partout dans la City, on est jamais loin d'une caméra (1200 sur 1.2 mille carré au dernier compte)






Un mec qui fait un bras d'honneur, dans le hall du Gherkin ? Quelle provoc', dis donc ...



Le sommet du bâtiment . On dirait un ovni, non ?



Le restaurant, qui malheureusement n'est pas ouvert au public pour des raisons de sécurité :



La future Heron Tower, vue du Gherkin. Un projet qui n'en finit pas de ne pas être terminé :



Vue de la Tamise, vers Westminster :



Il est temps d'aller prendre le métro pour rentrer . Oh, tiens, un nouveau resto à Leadenhall Street : "Revolution" dans la City ? Ca ne va pas arriver demain, mais c'est peut-etre un concept commercial qui marche ...




Je passe devant le très chic Royal Exchange, transformé en centre commercial, et j'y entre pour prendre une 'tite photo de la cour intérieure :




Je prends un des journaux qui jonchent la râme de métro...




Et Voilà ! C'est Jamie Oliver qui le dit, c'est pas moi :



A bientôt,

Isabelle Otto

9 mai 2010

Ne paniquons pas, voyons : il s'agit juste de s'enfuir de la manière la plus désorganisée possible

Voilà, voilà, les Britanniques ont voté, les résultats ont été confirmés il y a  quarante-huit heures, et ils n'ont toujours pas l'ombre de l'idée de comment commencer à réfléchir à faire un gouvernement . Bon, j'exagère un brin, mais à peine, je vous assure. Les marchés financiers, heureusement fermés pour le week-end, et malheureusement déjà pas mal secoués par les évènements grecs, vont jouer les montagnes russes . La livre a fait un plongeon vendredi... et s'il n'y a pas d'annonce de gouvernment demain, euh... Si vous avez des dollars, c'est p'tet le moment d'acheter de la sterling . Ou p'tet pas . Allez savoir .

Les résultats

Au Royaume-Uni, le seul moyen d'obtenir le droit automatique de former un gouvernement est de gagner la majorité absolue des sièges de la Chambre des Communes aux élections législatives, soit 326 sièges . Tout autre hypothèse laisse le champ ouvert aux négociations entre partis et aux discussions très privées avec la Reine . En attendant, le Premier Ministre sortant, en l'occurrence Gordon Brown, peut ou non rester à son poste . Nous sommes dimanche 9 mai, il est 15.32 et que je sache, il n'a pas démissionné .

Et pourtant, il y a un parti largement majoritaire aux élections, aussi bien en sièges qu'en votes : En effet, les résultats sont très clairs :

Conservateurs : 306 sièges et 36.1% des voix
Travaillistes : 258 sièges et 29% des voix
Libéraux Démocrates: 57 sièges et 23% des voix
Unionistes Democrates : 8 sièges et 0.6% des voix
Nationalistes Ecossais : 6 sièges et 1.7% des voix

Petits calculs - Comment arriver à plus de 326 sièges ?
Conservateurs (306) + Libéraux Démocrates (57) = 363
Conservateurs (306) + Travaillistes (258) = Dictature
Travaillistes (258) + Libéraux Démocrates (57) = 315 -> Essai non transformé
Travaillistes (258) + Libéraux Démocrates (57) + Unionistes (8) + Nationalistes (6) = 329 -> Tout ça pour ... ça ?




Les deux options réellement viables

La première option est que David Cameron forme un gouvernement minoritaire Conservateur, sans coalition avec d'autres partis . S'il choisit cette option, il sait déjà qu'il aura beaucoup de mal à gouverner, puisque pour chaque décision qui requiert un vote parlementaire, il devra former des accords ad hoc avec tel ou tel autre parti afin d'obtenir la majorité des votes à la Chambre des Communes . Un tel mode de gouvernement n'est pas soutenable à long terme.  C'est pourquoi, s'il est sage et bien conseillé, David Cameron ne choisira cette option QUE s'il est CONVAINCU qu'il pourra obtenir la majorité absolue à de nouvelles élections organisées plus tard cette année . A titre comparatif, sachez qu'aux élections de 1974, qui n'ont pas donné de majorité absolue non plus comme je vous l'avais expliqué la semaine dernière, le leader Travailliste Harold Wilson a choisi cette option alors qu'il avait obtenu seulement 301 sièges à la Chambre . Et ça avait roulé pour lui, puisqu'aux élections d'octobre 1974, il a obtenu tout juste une majorité absolue avec 318 sièges . Oui, parce qu'à ce moment là, il y avait non pas 650 mais 635 membres de la Chambre... Mal au crâne ? Moi, oui .

La deuxième option raisonable (oui, je vous le répète, je ne parlerai que des options raisonables et pas des contes de fées) serait pour David Cameron de s'associer aux Libéraux Démocrates, en faisant avec eux des accords préalables sur la future législation à faire passer au Parlement, et en leur offrant des postes au Gouvernement . A l'heure qu'il est, ils sont en train de discutailler ensemble, et nul doute que les couteaux sont tirés sur la pomme principale de discorde entre les deux partis : La Réforme Electorale .

La réforme électorale

Les Libéraux Démocrates veulent une modification du mode de scrutin afin d'y introduire une dose de proportionalité, ce qui permettrait à leur parti d'obtenir un nombre de sièges plus en accord avec le nombre de voix qu'ils récoltent au niveau national . En effet, avec 23% des voix au compteur, ils n'obtiennent que 8.8% des sièges de la Chambre des Communes. Les Travaillistes, qui ont 6% de votes en plus, ont obtenu 39.7% des sièges ! Non mais quoi, toute considération politique mise à part, il faut corriger tout ça, et il s'agit là d'une belle opportunité démocratique . Sauf que, bien entendu, les Conservateurs ne l'entendent pas de cette oreille. Enfin, pas tous, Douglas Carswell, un député Conservateur qui vient d'être réélu à Clacton, a soutenu hier dans son blog l'introduction de proportionalité dans le scrutin . +1, comme on dit sur Twitter !

L'opinion publique irait également dans ce sens. En effet, selon un sondage organisé par ICM et The Telegraph le 8 mai, 48% des répondants étaient en faveur de la proportionnelle... et seuls 39% souhaitaient conserver le système majoritaire actuel .


Des résultats mis partiellement en doute

Il faut aussi savoir que les résultats des élections du 6 mai sont partiellement remis en doute dans certaines circonscriptions par des allégations de fraude, dont certaines assez graves. Il semblerait que depuis vendredi, la police aurait recu 81 plaintes en cours d'enquête... Certains commentateurs parlent de conditions de scrutin dignes d'une république bananière ou d'un pays du tiers monde . Des observateurs kényans qui ont suivi le scrutin du 6 mai ont même dit que le système électoral britannnique est moins sûr que celui du Kenya et serait celui du monde le plus vulnérable à la corruption, parce qu'il est fondé sur la "confiance" et n'exige pas de vérification de l'identité des votants . Je confirme : je suis allée voter pour les élections locales qui se tenaient également le jeudi 6 mai : je n'avais par ma carte d'électeur parce que mon Council ne me l'avait pas envoyée, et je n'ai dû présenter aucune forme d'identification . Spooky .

On n'a pas fini de se marrer,

Isabelle Otto


5 mai 2010

Elections britanniques : retour vers 1974 ?

Pour les bons élèves assis au premier rang de ce blog, pas de surprise. Puisque vous êtes assidus et sérieux , vous savez déjà qu'il est improbable que l'un des trois partis principaux aux élections législatives britanniques du 6 mai obtienne la majorité absolue des sièges à la Chambre des Communes, c’est-à-dire 325 ou plus. Or, seule une majorité absolue de ces sièges garantit la nomination comme Premier Ministre du candidat de tel ou tel parti. Le défaut de majorité absolue possède un nom qui va bien avec son caractère, perçu comme dramatique ; "hung parliament" ("parlement pendu").  Selon les derniers sondages, en date du 3 mai, les Conservateurs obtiendraient entre 33 et 35 % des voix, les Travaillistes 28 % et les Libéraux Démocrates 27 ou 28 %. Je n’ai trouvé aucune évaluation chiffrée crédible du nombre de sièges que ces voix pourraient représenter. Pour vous donner une idée, aux élections législatives de 2005, les Travaillistes ont obtenu 356 sièges avec 35.6 % des votes, les Tories 198 sièges avec 32.3 % des votes, et le LibDem 62 sièges avec 22.1 % des votes. Pas étonnant que l’on parle d’instaurer enfin un brin de proportionalité dans ce pays d’ici à 2015, mais c’est un autre sujet...

Vendredi 7 mai, la Reine Elizabeth, qui nomme le Premier Ministre, sera probablement au milieu d'un cyclone politique. Mais elle est tenace et a déjà vu ca avant, en 1974, pour être exacte. J'avais deux ans, et je m'en souviens comme si c'était hier... Pfff, non, en fait, j'ai du bachoter pas mal pour vous faire ce résumé succint de l'expérience de 1974 . Il est important d'en parler ici car ce cas sera mentionné très souvent en cas de d'absence de majorité absolue, et mon but dans la vie n'est autre que de vous donner une longueur d'avance quand il s'agira de donner un sens aux tumultes post-élections.

Manque de clarté ou envie de changement ?

Je me suis tapée, en particulier, un papier pas très digeste de la Hansard Society et du Study of Parliament Group qui soutient que tout résultat qui ne donnerait pas une majorité absolue à l’un des partis serait un résultat « manquant de clarté ». Mais voyons, cessons ces jérémiades qui bénéficient aux vieux de la vieille de la politique britonne et garantissent le status quo. Pas clair, un résultat forçant les partis à dialoguer un tant soit peu entre eux ? Au contraire, il me semble : ce serait un message limpide de l’électorat en faveur d’un peu plus d’équilibre dans l’exercice du pouvoir exécutif .

1974, Une bien belle année

Ah, 1974, une bonne vieille année de guerre froide ! L’année où fut inauguré l’aéroport Charles de Gaulle, que tout un chacun continue d’adorer; l’année de la publication de Carrie de Stephen King et de la Révolution des Oeillets au Portugal. L’année de la Coupe du Monde de football en République Fédérale d’Allemagne et, surtout, oui surtout, l’année de naissance de Hillary Swank et Leonardo DiCaprio.

Bon, ce fut aussi, de triste mémoire, l’année où le Royaume-Uni connut non pas une, mais deux élections législatives .

 
Le premier srutin avait eu lieu le 28 février. Aucun des partis en lice n’avait obtenu la majorité absolue de 325 sièges, et le parti au pouvoir, les Tories, s’il avait bénéficié d'une très courte majorité des voix (37.9 %, contre 37.8 % pour le Labour), était déficitaire en sièges (297 sièges contre 301 pour le Labour) . Ce genre de chose pourrait arriver à nouveau demain !

 
Le Premier Ministre Tory sortant, Edward Heath, décida malgré tout de rester à son poste. En effet – et notez bien ceci- si aucun parti n’obtient une majorité absolue, le Premier Ministre n’a pas l’obligation de démissionner, en tout cas jusqu’à ce que le Parlement passe un vote de « no Confidence » ... Après l'échec de ses négociations pour former un gouvernement de coalition avec Jeremy Thorpe, le leader du parti libéral de l’époque (qui avait obtenu 19.35 % des votes et remporté ...14 sièges), Heath fut contraint de démissionner et Harold Wilson, chef du parti Travailliste, fut nommé Premier Ministre . Wilson demanda à la reine de dissoudre le Parlement plus tard dans l’année, et celle-ci le lui accorda, Ces élections générales, tenues le 10 octobre, donnèrent à Wilson une courte majorité à la chambre .



Traduction pour l’année 2010

Même si son parti perd les élections, Gordon Brown est privilégié politiquement parce qu’il n’est pas forcé de démissionner si les Conservateurs et, encore moins vraisemblablement vu l’éparpillement de leurs électeurs, les LibDem, n’obtiennent pas la majorité absolue des sièges à la Chambre. Il est libre de rester à son poste et de tenter de former une coalition avec les LibDem, si tant est qu’ils puissent rassembler la majorité des voix, et donc la confiance de la Chambre des Communes .


C’est pour cela que David Cameron ne va pas dormir jusqu’à demain soir, qu’il va continuer sa campagne sans relâche : il sait que s’il n’obtient pas cette fichue majorité absolue, il est très probable que le Labour et les LibDem vont former un gouvernement de coalition, d’autant plus qu'ils se sont assez ouvertement fait la cour. Ce gouvernement aurait, en fonction du nombre de sièges de ces deux partis, de grandes chances d’obtenir la confiance de la Chambre des Communes . Mais, oulala, s’ils font cela et que les Tories ont la majorité relative des voix et des sièges, ouch pour la démocratie britannique ! Former un exécutif sans le parti pour lequel ont voté en majorité les électeurs, ca risque de coincer aux entournures ...

 

A demain, donc !

 

Isabelle Otto