28 mai 2010

Florence Desruol : Gouroute des Twitterholiques Anonymes ?

Ma spécialité, c’est plutot de mâcher des bouts de papier très lourds et peu ragoûtants et d’essayer d’en sortir des informations digestes pour ceux qui veulent bien (ou parfois, sont bien obligés de) me lire ou m’écouter. Alors, pourquoi ai-je eu l’idée saugrenue, oui, je me le demande, de faire une chose dont je ne sais rien : faire une interview ?

Concours de pipelettes ?

Interviewer, ca veut dire LAISSER PARLER quelqu’un d’autre, ce qui n’est pas évident quand on est une pipelette comme moi. Mais, il y a des gens qui quand ils parlent, et bien, je les écoute. Et Florence Desruol est top of the list. Car Florence, qui passe une grande partie de son temps à tweeter, a en fait une passion pour PARLER. Elle parle, de tout, de rien, et est aussi généreuse In Real Life ("dans la vraie vie") que dans ses tweets. Elle aime aider et donner. Elle distribue l’info comme une pluie rafraîchissante.

Ça fait qu’au total, et bien, au concours de pipelettes, je ne sais pas laquelle des deux bat l’autre ! Mais on peut dire sans trop se risquer que nos opérateurs téléphoniques respectifs sont contents, oui, très contents que @FlorenceDesruol et @IsabelleOtto papotent malgré la Manche qui les sépare et sont sorties du carcan des 140 caractères imposés par Twitter.

Je ne vais pas vous faire un long portrait de Florence. Vous savez probablement déjà qu’elle est incontournable sur Twitter France, comme le dit bien William Rejault ici. D’ailleurs, même si vous ne la followez pas, vous avez nécessairement sur votre Time Line (TL) des tweets en provenance directe des recoins secrets d’où elle tire ses informations à la sauce geekette, lol, féline ou complètement rocambolesque, en fonction de son humeur.

Une petite précision à mon tweetpote lyonnais, @idiot_duvillage, avant de commencer: Florence est bien lyonnaise et non pas arlésienne ! Pour le reste, je laisserai Florence peindre son propre portrait en utilisant la toile de mes questions .

I.O. Alors, tu existes vraiment ? (je te demande cela, parce qu'il paraît que certains ont suggéré que tu étais en fait un collectif de tweeteurs - il y a des théories similaires au sujet de Shakespeare: tu es en bonne compagnie, quoi ;-)
F.D. Oui bien sûr tu sais que j’existe! Je peux aussi confirmer que je suis seule à gérer le compte @Florencedesruol, que je ne suis PAS payée pour tweeter et que je ne paie personne pour le faire non plus. Quelques esprits chagrins dont je tairai le nom (bien que ca me gratte vachement de les balancer) ont dit le contraire, et je suis heureuse de pouvoir éclaircir cette affaire.

I.O. Si je mettais un p'tit fond musical pour les joyeux lurons qui vont lire ton itw sur mon blog, tu choisirais quoi?
F.D. J'aime bien les classiques des années 60/70 comme, par exemple, les Rolling Stones et David Bowie, mais aussi Iggy Pop, Led Zeppelin et plein d'autres. J’aime aussi les artistes indépendants d'aujourd'hui comme Robert Pollar, The Teenagers, The New Pornographers, Arcade Fire, the Besnard Lakes, Caribou, the Antlers, Animal Collective, Black Keys, etc. En revanche, j'ai beaucoup de mal avec MGMT et Vampire Week-End; je les trouve surfaits, quasi folkloriques.

Et puis, je joue du piano donc j’aime aussi la musique classique.

I.O. Super, alors, je te choisis deux morceaux qui vont bien ensemble, à mon avis: « Life on Mars ? » de David Bowie et le deuxième mouvement du deuxième concerto pour piano de Rachmaninoff :






I.O. Facebook, Twitter, blabla : c'est tout des trucs pour les "no-life", non?
F.D. Pas d’accord ! Si on sait les utiliser sans excès et en tirer le côté positif, c’est le contraire de la no-life (« vie fantôme »). Cela dit, ça fait longtemps que j'aurais effacé mon compte Facebook, s'il ne rassemblait pas quelques copains d’ « avant » : ceux qui étaient avec moi à l’école et pendant mes études, ceux que j’ai rencontrés lors de voyages ou au boulot. Ce sont en général des gens que je ne vois pas souvent mais que j'apprécie. Facebook m'a permis de les retrouver et de rester en contact avec eux. Sur ce compte, j’ai aussi accepté quelques twittos auquels je fais confiance, mais je t’avoue que depuis j'en ai viré quelques-uns par déception. Mon réseau professionel, tout comme ma famille et mes proches, ne sont pas sur mon Facebook.

Twitter, c'est un outil intelligent, un flux d'info. Ça me permet surtout de discuter directement avec des journalistes, des politiques, des publicitaires, des étrangers ou des expats comme toi, de m'enrichir de ces rencontres url mais aussi IRL, et des infos que j'y rassemble. C'est aussi mon seul outil d'expresion sur Internet, je n'en utilise pas d'autre: je n'ai pas de blog et je ne mets jamais de commentaires sous les billets des autres ou sous les articles des journaux.

I.O. Comment es-tu arrivée sur Twitter ? (Moi j’y suis arrivée par la musique; un des premiers comptes que j’ai suivis était celui de Luc Vinogradoff, critique musical au Monde)
F.D. Au début, j'y suis allée pour rejoindre deux amis américains qui m’ont presque forcée... C’était LE truc à faire aux Etats-Unis à ce moment là ! Puis j’y ai entrainé @cyrilpaglino et @toniohhoguel. Au départ, on ne savait pas trop ce qu'on faisait là. Je suis arrivée au moment où Twitter se démocratisait un peu. J’ai eu cette chance. J'ai commencé par suivre @HenryMichel et sa liste de recommandations. Je tweetais essentiellement sur secretstory3, et sur l’actualité,  les buzz de l'automne dernier (le fils de Sarko à l'EPAD, Frédéric Mitterand et ses voyages en Thailande...), puis j'ai cherché à faire différent en allant lire les billets anglo-saxons.

J'ai été vite associée à @xternisien et @ZaraA. J'ai aussi discuté pas mal avec @JCFeraud, @GillesKLEIN  et d'autres comme @rosselin, @Delphine_D, @nicolasvoisin, @Maxitendance et @PierreTran. J'en ai d'ailleurs rencontré pas mal IRL, et je me suis vite aperçue qu'on se connaissait assez bien: j'ai retrouvé en eux ce que je percevais sur Twitter.

I.O. Colle ici une photo de l'endroit que tu aimes le plus au monde:
F.D. C'est une photo que j'ai postée sur Twitter un joli dimanche de mai:



C'est là mon havre de paix. J'aime aussi beaucoup la côte d'Azur, où j'ai passé toutes mes vacances d'enfance, à Cannes et à Nice. Puis je suis une fan des USA !

I.O. « investir de l’affectif dans des gens qu’on a jamais vus n’est pas porteur » : un concept qui a de l'avenir?
F.D. Même si je le voulais, je pense que je ne réussirais pas à ne pas mettre un peu d'affectif dans Twitter, après tout, il y a de vraies personnes derrière les avatars, il y a des gens que j'aime vraiment retrouver sur ma TL le matin. S'ils ne sont pas là, ils me manquent. Cela dit, il faut faire attention, comme dans la vie d'ailleurs, parce qu'il y a aussi beaucoup de déceptions potentielles au tournant.

I.O. Tu kiffes plus Indiana Jones ou Robin Des Bois ?
F.D. Hihi, je n'aime pas trop les heros, tu sais. J'aime admirer les gens qui ne se rendent pas compte à quel point ils sont bons à faire certaines choses, ou ceux qui s'améliorent avec le temps. D'ailleurs, dans mon adolescence, je n'avais pas de posters de chanteurs ou d'acteurs sur les murs de ma chambre! Pour moi, le charme compte beaucoup, ainsi que la sensibilité et la bienveillance, la générosité et l'humour.

I.O. Pour ton anniversaire: pique-nique au champagne ou bungee jumping?
F.D. Bungee ?? C'est quoi ? Je suis très champagne et pas du tout camping. Voilà .
I.O. Ah Ah ! Camping ? C'est quoi ?

I.O. La télé, tu la regardes encore ou tu la mets juste pour ton chat?
F.D. Pour mon chat, comment l'as-tu deviné? Je devrais sans doute la regarder plus, mais si je le faisais, je ne regarderais pas de films: je préfère les talk-shows, les débats, les vrais trucs, quoi. J'aime bien la Ligne Jaune de @guybirenbaum sur Arrêt Sur Images, donc sur... Internet !! Eh oui, que veux-tu? Internet c'est trop bien . D'ailleurs, Parlons Net de @DavidAbiker est super aussi .

I.O. Pourquoi t'es pas allée vivre à Paris comme tout le monde? A cause des crottes de chien?
F.D. Mais non, voyons ! Paris, j'y ai vecu pendant sept ans et j'adore !!

I.O. Les femmes sur le web 2.0: des mouches ou des araignées?
F.D. Elles ne tissent pas leur toile ensemble, elles sont dispersées, pas comme les mecs qui font leur petites confréries sérieuses ou rigolotes, ou les deux en même temps, en fonction. Puis je trouve qu'en moyenne, on ne les prend pas au sérieux: il y a beaucoup de sexisme, comme dans la vraie vie. J'en ai d'ailleurs moi-même fait les frais.

I.O. Beaucoup de followers: un poids ou une émancipation?
F.D. Ça fait très plaisir, je ne vais pas te dire le contraire, mais c'est aussi une responsabilité. On me dit que c'est la rançon de la gloire. Mais je ne suis pas d'accord, parce que je ne suis pas vraiment une star de Twitter: personne ne me retweete aveuglément, je n'ai pas de "fan club". Je ne vois pas trop ou est la gloire, quoi...

Je me fais aussi attaquer, une autre des rançons de la gloire on me dit, comme si le nombre d'attaques augmentait nécessairement avec le nombre de followers. Mais je remarque souvent que les hommes qui ont un profil élévé ou les femmes journalistes ne sont pas attaquées de la sorte. En France, Twitter a été une sorte de chasse gardée des journalistes pendant longtemps, et les non-journalistes comme toi et moi qui font tourner l'info, j'ai l'impression que ça en énerve certains, comme si on leur faisait de la concurrence déloyale.

I.O. Je suis spécialiste de droit de la concurrence, et je peux te confirmer qu'il ne s'agit pas de concurrence déloyale. Au contraire: une injection saine d'idées nouvelles aide tout le système, comme nombre de journalistes le reconnaissent, d'ailleurs.

F.D. Je note également que dans la catégorie "fille qui tweete", celles qui sont clairement là pour y trouver un/des mecs ne sont pas trop attaquées non plus... ;) 

Enfin, beaucoup de followers, ça réduit nécessairement les échanges humains, mais il faut dire que je me rattrappe bien par Messages Privés, ou au téléphone si affinités. Comme tu le sais, j'adore parler au téléphone !

I.O. C'est quand que tu viens me rendre visite à Londres?
F.D. Soon very soon. Et toi?




Bon ben voilà, une belle interview, qui m’a gagné une jolie invitation pour aller boire du champagne à Lyon. Merci, Florence ! Ici Londres, à vous les studios.

A bientôt !


Isabelle Otto


3 commentaires:

Nat a dit…

Excellent article Isabelle et un choix judicieux et incontournable comme d'habitude. J'adore Gouroute qui me fait trop trop rire =)
Florencedesruol fait aussi partie pour moi des rares cuicuis français incontournables car ses tweets ne sont pas juste pour dire coucou JE suis là mais elle INFORME tout en citant ses sources et PARTAGEANT ... ;-)
Pour Maxitendance il est vrai qu'elle a commencé à me suivre il y a déjà quelque temps, sans jamais se préoccuper du nombre de mes followers ou si j'allais ou je n'allais pas la retweeter et combien de fois ...
Merci à Flo :) celle-ci - je suis d'accord avec Isabelle - ne change pas son discours lorsque vous lui parlez dans la vraie vie.
Hm hm hm serais-je moi aussi à ranger dans la catégorie des pipelettes ? LOL
Messieurs Dames je me retire et vous souhaite une belle journée

Isabelle Otto a dit…

Merci Nat, pour un commentaire encore une fois juteux de générosité. Pour le coup, aujourd'hui, j'ai dormi tellement peu que je ne suis pas très pipelette. Tu veux bien me remplacer? :-D

Catherine a dit…

Excellent article encore Isabelle ! Décidément, vous nous ravissez.

Florence est une personne délicieuse que je rêve de connaître dans la vraie vie, mais elle ne me follow pas malheureusement ^^ ;)

Ce n'est pas grave, on ne peut pas tous accéder à ce monde rêvé des "stars" de twitter !!!

Mon fils de 8 ans adore les photos de chat de Florence. Mais malheureusement, il m'a offert un truc en papier crépon pour la fête des mères. J'aurais tellement préféré une photo de chat de Florence version poster. Mais la prochaine fois peut-être ;)))

Bisous à toi Isabelle et à mon influenceuse olé-olé préférée (et please follow me !!!).

Cath.